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 TOUS EN HAMAC! 

 

 

Georges Marbeck

 TOUS EN HAMAC! 

  Georges Marbeck

Nude woman getting into a hammock. Muybridge, Eadweard, 1830-1904.

Le mot hamac vient du terme hamacu employé par les Taïnos, une ethnie amérindienne des Caraïbes découverte à la fin du XVe siècle par Christophe Colomb, laquelle, ainsi que d’autres populations d’Amazonie, fabriquait et utilisait cet appareillage pour se reposer et dormir. Constitué à l’origine de lianes et de racines transformées en cordes, puis de toiles de coton, le hamac était accroché soit entre deux parois d’une cabane, soit entre deux arbres dans la forêt. Une manière de s’allonger à distance du sol pour se protéger de l’humidité, des cailloux, des bestioles du ras de terre en se laissant bercer au gré des souffles de l’air ambiant. Un doux plaisir que nous avons tous vécu pendant neuf mois dans le ventre de notre mère, bercés par les quatre muscles du pelvis baptisés le hamac par les anatomistes. Et ensuite, durant tout le temps de berceau de notre prime enfance. C’est certainement le souvenir de la jouissance de ce balancement originel qui a contribué à développer l’usage courant du hamac dans les territoires amérindiens des Caraïbes et de l’Amazonie. D’autant que le climat tropical de ces régions permet de se balancer dans la toile tout du long de l’année. Le hamac était donc pour ces populations leur mode de couchage naturel, comme il l’est encore aujourd’hui dans des communautés de la région.

 

La découverte par les premiers explorateurs européens de l’omniprésence du hamac dans ce nouveau monde à leurs yeux, leur a tout naturellement donné l’idée d’en importer l’usage sur leur terre d’origine, même si le climat est bien différent. Tous évoquent cette forme de couchage dans leurs récits de voyage. Certains l’illustrent même par des dessins. C’est le cas de ceux que l’on peut voir dans l’agenda de Christophe Colomb, lequel, de retour en Espagne,

rapporte dans ses bagages, parmi d’autres trésors d’Amérique,

le hamac, avec l’intention d’introduire son usage en Europe.

Chose dite, chose faite. Le hamac est alors très vite adopté comme couchette suspendue à bord des navires par la marine espagnole, bientôt suivie par la marine française et la marine anglaise.

Une innovation qui permet aux marins de dormir à l’abri de l’humidité du sol, des rats et autres vermines grouillant au fond des bateaux de cette époque. Puis peu à peu, au fil des siècles, le hamac est devenu en Europe un objet recherché par des amateurs pour l’installer à la belle saison dans leur jardin ou en bord de mer.

Une manière de jouir de bons moments de détente et de sieste à l’ombre des pins parasols ou sous les palmiers qui longent la plage.

Car, à l’évidence, le hamac n’est pas seulement un appareil de couchage. C’est aussi un instrument de plaisir pour l’effet voluptueux que nous procure son balancement. Un effet qui est inscrit dans nos gênes depuis notre vie intra-utérine, suivie de nos années de berceau, puis des jeux de la balançoire de nos jeunes années et que nous rappelle tout au long de notre vie le battement balancé de notre cœur. Plusieurs poètes ont évoqué les plaisirs que procurent les balancements du hamac. Ainsi Victor Hugo, dans son poème

Sara la baigneuse, s’en donne à cœur joie:

“Sara, belle d’indolence,

Se balance

Dans un hamac, au dessus

Du bassin d’une fontaine...”

Et toujours, de rime en rime, l’ami Hugo la balance de ses fantasmes à lui et l’imagine se rêvant en sultane des Mille et une Nuits:

“J’aurais le hamac de soie

Qui me ploie

Sous le corps prêt à pâmer…

Je pourrais folâtrer nue

Sous la nue...”

Et le joyeux balancement de l’auteur à sa créature imaginaire se poursuit de strophe en strophe jusqu’au cent-quatorzième vers. D’autres poètes se sont aussi balancés sur ce thème du hamac.

De nombreux artistes peintres ont également illustré dans leur style les doux plaisirs du hamac: Gustave Courbet, Henri Fantin-Latour, James Tissot et bien d’autres. De même que dans le film brésilien Au cœur du monde de Gabriel et Maurilio Martins, sorti récemment, figure une longue scène sur un hamac, réunissant deux femmes, Selma et Rose à un moment fort de l’histoire…

 

Avec le réchauffement climatique qui s’installe et va se poursuivre au fil des générations qui viennent, on a quelques raisons de penser que l’usage du hamac va aller se développant tout au long des belles saisons, du printemps à l’automne. D’autant que selon une étude récente menée par des scientifiques de l’université de Genève, dormir allongé dans un hamac augmente la qualité du sommeil profond. En analysant les ondes cérébrales, ces chercheurs ont découvert que couché dans un hamac permet non seulement de s’endormir plus facilement mais aussi d’atteindre plus vite un sommeil profond et de meilleure qualité. Tout comme l’effet du balancement aide les nourrissons et les tout jeunes enfants à plonger en douceur dans un sommeil intense et réparateur. Moralité, pour de bonnes nuits revitalisantes et de douces siestes apaisantes: tous en hamac!

Le mot hamac vient du terme hamacu employé par les Taïnos, une ethnie amérindienne des Caraïbes découverte à la fin du XVe siècle par Christophe Colomb, laquelle, ainsi que d’autres populations d’Amazonie, fabriquait et utilisait cet appareillage pour se reposer et dormir. Constitué à l’origine de lianes et de racines transformées en cordes, puis de toiles de coton, le hamac était accroché soit entre deux parois d’une cabane, soit entre deux arbres dans la forêt. Une manière de s’allonger à distance du sol pour se protéger de l’humidité, des cailloux, des bestioles du ras de terre en se laissant bercer au gré des souffles de l’air ambiant. Un doux plaisir que nous avons tous vécu pendant neuf mois dans le ventre de notre mère, bercés par les quatre muscles du pelvis baptisés le hamac par les anatomistes. Et ensuite, durant tout le temps de berceau de notre prime enfance. C’est certainement le souvenir de la jouissance de ce balancement originel qui a contribué à développer l’usage courant du hamac dans les territoires amérindiens des Caraïbes et de l’Amazonie. D’autant que le climat tropical de ces régions permet de se balancer dans la toile tout du long de l’année. Le hamac était donc pour ces populations leur mode de couchage naturel, comme il l’est encore aujourd’hui dans des communautés de la région.

 

La découverte par les premiers explorateurs européens de l’omniprésence du hamac dans ce nouveau monde à leurs yeux, leur a tout naturellement donné l’idée d’en importer l’usage sur leur terre d’origine, même si le climat est bien différent. Tous évoquent cette forme de couchage dans leurs récits de voyage. Certains l’illustrent même par des dessins. C’est le cas de ceux que l’on peut voir dans l’agenda de Christophe Colomb, lequel, de retour en Espagne, rapporte dans ses bagages, parmi d’autres trésors d’Amérique, le hamac, avec l’intention d’introduire son usage en Europe. Chose dite, chose faite. Le hamac est alors très vite adopté comme couchette suspendue à bord des navires par la marine espagnole, bientôt suivie par la marine française et la marine anglaise.

Une innovation qui permet aux marins de dormir à l’abri de l’humidité du sol, des rats et autres vermines grouillant au fond des bateaux de cette époque. Puis peu à peu, au fil des siècles, le hamac est devenu en Europe un objet recherché par des amateurs pour l’installer à la belle saison dans leur jardin ou en bord de mer.

Une manière de jouir de bons moments de détente et de sieste à l’ombre des pins parasols ou sous les palmiers qui longent la plage. Car, à l’évidence, le hamac n’est pas seulement un appareil de couchage. C’est aussi un instrument de plaisir pour l’effet voluptueux que nous procure son balancement. Un effet qui est inscrit dans nos gênes depuis notre vie intra-utérine, suivie de nos années de berceau, puis des jeux de la balançoire de nos jeunes années et que nous rappelle tout au long de notre vie le battement balancé de notre cœur. Plusieurs poètes ont évoqué les plaisirs que procurent les balancements du hamac. Ainsi Victor Hugo, dans son poème Sara la baigneuse, s’en donne à cœur joie:

“Sara, belle d’indolence,

Se balance

Dans un hamac, au dessus

Du bassin d’une fontaine...”

Et toujours, de rime en rime, l’ami Hugo la balance de ses fantasmes à lui et l’imagine se rêvant en sultane des Mille et une Nuits:

“J’aurais le hamac de soie

Qui me ploie

Sous le corps prêt à pâmer…

Je pourrais folâtrer nue

Sous la nue...”

Et le joyeux balancement de l’auteur à sa créature imaginaire se poursuit de strophe en strophe jusqu’au cent-quatorzième vers. D’autres poètes se sont aussi balancés sur ce thème du hamac.

De nombreux artistes peintres ont également illustré dans leur style les doux plaisirs du hamac: Gustave Courbet, Henri Fantin-Latour, James Tissot et bien d’autres. De même que dans le film brésilien Au cœur du monde de Gabriel et Maurilio Martins, sorti récemment, figure une longue scène sur un hamac, réunissant deux femmes, Selma et Rose à un moment fort de l’histoire…

 

Avec le réchauffement climatique qui s’installe et va se poursuivre au fil des générations qui viennent, on a quelques raisons de penser que l’usage du hamac va aller se développant tout au long des belles saisons, du printemps à l’automne. D’autant que selon une étude récente menée par des scientifiques de l’université de Genève, dormir allongé dans un hamac augmente la qualité du sommeil profond. En analysant les ondes cérébrales, ces chercheurs ont découvert que couché dans un hamac permet non seulement de s’endormir plus facilement mais aussi d’atteindre plus vite un sommeil profond et de meilleure qualité. Tout comme l’effet du balancement aide les nourrissons et les tout jeunes enfants à plonger en douceur dans un sommeil intense et réparateur. Moralité, pour de bonnes nuits revitalisantes et de douces siestes apaisantes: tous en hamac!

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Georges Marbeck a collaboré à la revue Recherches avec Michel Foucault et Gilles Deleuze. Il est l’auteur de Hautefaye, l’année terrible (Robert Laffont). Il a aussi publié L’Orgie, voie du sacré, fait du prince, instinct de fête, ouvrage de référence.

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