2 décembre 2019. Le smog enveloppe la capitale de l’Inde... Dans New Delhi, les êtres humains marchent dans le brouillard, essoufflés, épuisés. Nous suffoquons, nous gémissons, alors que le gaz attaque notre gorge, oppresse notre poitrine... nous tuant lentement et sûrement. Inhalateurs et masques, voilà les besoins urgents du jour, alors que les citoyens toussent, au milieu des gens en larmes, tentant de survivre dans ce scénario invivable où même les rencontres perdent tout leur sens. Gazer ce petit moustique humain ou n’importe lequel de ces égarés semblait impossible, mais cela est devenu possible sous le rouleau compresseur de l’État... Ainsi, dans une frustration totale, ils chassent et pilonnent l’être humain, qui crève de mort lente et douloureuse lente en ces “temps développés”!
Tandis que je marchais, haletant au milieu de cette purée de pois, j’ai croisé plusieurs dispensaires fraîchement ouverts, équipés d’équipement chirurgicaux haut de gamme. Attention, à ne pas confondre avec la chirurgie brutale, pas très différente des véritables scènes de meurtre qui se déroulent dans les salles d’opération des hôpitaux. Ce, tandis qu’au dehors, les mourants et les rescapés parlent de la mort et de la destruction en ces “temps développés”!
Bien que ce smog toxique pour tous puisse être envisagé comme un niveleur social, même ici l’argent vient à la rescousse de ceux qui ont les poches pleines. À eux toute une gamme de purificateurs, de climatiseurs, et les voyages loin de Delhi. Mais combien d’habitants peuvent vraiment fuir?
Saisis de nostalgie, nous nous demandons si nous n’étions pas mieux dans le bon vieux temps, dit “sous-développé” lorsque nous manquions moins de ressources, quand nos deux repas complets par jour semblaient répondre à nos besoins quotidiens.
Le ciel là-haut semblait bleu. Les fleurs s’épanouissaient. Le visage humain semblait insouciant et sans tracas... L’être humain était encore épargné et ses envies d’ancrage amoureux n’étaient pas troublés par une frénésie sexuelle surtaxée. C’était le bon vieux temps où nous vivions.... et survivions heureux! Pas comme aujourd’hui où rester en vie devient une lutte perpétuelle.
Je suis plus que choqué lorsque les dirigeants d’aujourd’hui con-tinuent de parler de croissance, de développement, de longévité et de tout ce qu’ils nous fourguent dans leur paquet de mensonges. En fait, contrairement à ce qu’ils prétendent, aujourd’hui, en ces temps dits développés, nous sommes de plus en plus enclins à la mort rapide et à la décomposition.
La pollution de l’environnement tue nos organes. Sans oublier la pollution sonore qui heurte le cœur lui même. Au cours de ces derniers mois, partout où j’ai voyagé, les habitants des régions se plaignaient, détaillaient les ravages causés par les singes et les chiens affamés qui attaquent sans peur les piétons, s’immiscent dans les maisons et les cultures, sans personne pour les maîtriser. Les autorités municipales devraient intervenir et protéger les villageois contre ces ravages.
On parle beaucoup ces temps-ci de la recrudescence de la dengue et des fièvres virales, mais on ne se concentre plus sur la rage. Pourquoi?
Comment pouvons-nous ignorer ces morsures et ces attaques féroces d’animaux enragés. Aujourd’hui qui se soucie encore que notre chair soit déchirée et que nous mourions d’une mort douloureuse! ■