Le Drapeau occidental est une œuvre animée de l’artiste irlandais John Gerrard exposée partout dans le monde. Il a été dressé sur le site “Lucas Gusher” à Spindletop, Texas, où jaillit en 1901 le pétrole du premier forage majeur au monde – un puits aujourd’hui stérile. Le CO2 invisible dégagé par la combustion du pétrole, responsable de l’effet de serre, est ici rendu visible. Battant pavillon de notre propre autodestruction, le drapeau nous invite à reconsidérer notre rôle actif et permanent dans le réchauffement climatique. ©Courtesy John Gerrard, produced by Channel 4, Somerset House.
Décrire des relations sociales et économiques précises comme étant les “propriétés naturelles de l’espèce” n’est pas nouveau sous le soleil. Déshistoriciser, universaliser, éterniser, naturaliser un mode de production spécifique, telles sont les stratégies classiques de la légitimation d’un pouvoir.
L’année dernière a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.
Et pourtant, les derniers chiffres montrent que la source qui a fourni le plus d’énergie nouvelle à l’économie mondiale n’était pas l’énergie solaire, éolienne ou même le gaz naturel ou le pétrole, mais le charbon.
La croissance des émissions mondiales – de 1% par an dans les années 90 à 3% jusqu’à présent dans ce millénaire – est frappante. C’est une augmentation qui est parallèle à notre connaissance croissante des terribles conséquences de l’utilisation des combustibles fossiles. Qui nous conduit vers le désastre? Une réponse radicale serait la dépendance des capitalistes à l’extraction et à l’utilisation des énergies fossiles. Certains préfèrent cependant identifier d’autres coupables...
On nous dit que la terre est maintenant entrée dans “l’Anthropcène”: l’ère de l’humanité. Énormément populaire – et accepté même par de nombreux scientifiques ayant une formation marxiste – le concept d’Anthropocène suggère que l’humanité est la nouvelle force géologique transformant la planète, principalement en brûlant des quantités prodigieuses de charbon, de pétrole et de gaz naturel. Selon ces érudits, une telle dégradation est donc le résultat des humains exprimant leurs prédispositions innées, le destin incontournable d’une planète soumise pour toujours au business as usual. En effet, les partisans de l’anthhropocène ne peuvent pas argumenter autrement, car si cette dynamique obéissait à un caractère plus historique et contingent le récit d’une espèce entière imposant sa suprématie biosphérique serait plus difficile à défendre.
L’histoire de l’anthropocène est centrée sur un élément classique: le feu. L’espèce humaine seule peut manipuler le feu, et c’est donc elle qui détruit le climat. Lorsque nos ancêtres ont appris à enflammer les choses, ils auraient allumé le processus du business as usual – de l’actuel statu quo. C’est à ce moment, écrivent d’éminents scientifiques du climat comme Michael Raupach et Josep Canadell que “le moteur évolutif essentiel de “l’Anthropocène” a été déclanché, amenant l’humanité directement à “la découverte que l’énergie pouvait être dérivée non seulement des débris du carbone biotique mais aussi de ceux du carbone fossile détritique, et d’abord du charbon.”
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