Oleg Kulik, Body speaks louder than words-II, 2002.
LES DIX COMMANDEMENTS
DE LA ZOOPHRÉNIE
Oleg Kulik
LES DIX
COMMANDEMENTS
DE LA ZOOPHRÉNIE
Oleg Kulik
Né à Kiev en 1961, Oleg Kulik est connu pour ses performances choquantes lors desquelles, souvent traîné en laisse, enchaîné, il se comporte en bête. Voici les tables de la loi du fondateur du Parti des Animaux.
Né à Kiev en 1961, Oleg Kulik est connu pour ses performances choquantes lors desquelles, souvent traîné en laisse, enchaîné, il se comporte en bête. Voici les tables de la loi du fondateur du Parti des Animaux.
____
I
L’esprit créateur n’est pas anthropomorphique. Apparemment le monde n’est pas définitivement séparé entre Dieu et le Diable, entre l’homme et la femme, entre les démocrates et les conservateurs, les libéraux et les radicaux. Le monde est beaucoup plus varié. Il est partagé entre le phoque et la chauve-souris, la fourmi et le fourmilier, entre l’homme et le chien.
II
Nous sommes en train de perdre le monde, et nous mêmes, dans notre marchandage. L’homme est vieux, faible et absolument immoral. Du fait de cette obsession de l’idée de Superman, l’homme est condamné s’il n’est pas capable de trouver la source de l’énergie intellectuelle pour donner naissance à une nouvelle morale, et si, démoralisé par son histoire, il n’est finalement pas capable de trouver sa propre place dans le monde réel (le monde absolu, non-conventionnel et non virtuel). Finalement, la catégorie de la réalité n’a été intégrée dans aucun système philosophique ou esthétique. Même la science a abandonné toutes les opérations dans cette catégorie (les exceptions sont extrêmement rares). Mais le salut est toujours possible.
III
C’est précisément l’homme qui doit faire le premier pas vers la morale post-humaniste, en ce qu’il est une dette impayable pour toutes les espèces (la sienne incluse).
IV
L’homme sera sauvé par son humilité et méprisé pour son orgueil anthropocentrique. Ni le Superman, ni l’homme de la masse, qui cache avec empressement un Superman en lui, n’ont de futur. Le futur est post-humaniste. L’homme n’est pas le roi de la nature ou la couronne de la création, il n’est qu’une espèce biologique parmi toutes celles qui peuplent notre planète, et pas la plus nombreuse (les insectes sont plus nombreux). Rien, excepté l’agressivité, n’en fait une espèce supérieure aux autres.
V
L’alter ego de l’homme est un animal supprimé en lui, une créature qui ne peut pas mentir, qui connaît le secret d’une existence harmonieuse dans le monde réel, et qui ignore les problèmes d’identité. L’animal est absolu, et son identité est absolument évidente. Histoire, politique, art, sont un témoignage clair du fait que l’homme ne peut pas construire seul, opposé à l’Autre (lui-même un être humain). L’homme doit trouver un Autre non-anthropomorphe en lui-même.
VI
Aimer un animal en vous-même, c’est comprendre et aimer tout les êtres qui vivent et respirent à vos côtés, qu’ils soient humain ou chien, lion ou tueur de baleines, fourmi ou fourmilier, phoque ou chauve-souris. Nous sommes égaux lorsque nous faisons face à la réalité. Seul l’ascétisme de se dissoudre dans l’Autre et l’empressement de dissoudre l’Autre en soi-même peut sauver l’homme et le monde.
VII
Dans l’humilité d’un homme, dans sa quête pour sa vraie place dans le vrai monde se dissimule l’impulsion extraordinaire d’une énergie créative. La nouvelle culture d’une Noosphère sera disponible à n’importe quel être vivant parce que cette nouvelle culture sera basée sur le réflexe (et non la réflexion), elle sera basée sur le langage de la douleur et de la passion, les seuls capables de rendre l’odeur de la réalité que l’homme a oubliée (étymologiquement, noos signifie la capacité de sentir).
VIII
Le message et l’objectif de l’art aujourd’hui sont de trouver une morale intégrée, fonctionnelle pour tous les êtres vivants. L’art est mort quand il ne parle pas de la chose principale, de la morale (et il n’en a pas parlé depuis longtemps). L’esthétique comme sphère de l’activité humaine est morte. Aujourd’hui, l’inutilité de l’esthétisme peut s’observer dans n’importe quel geste esthétique. L’éthique est morte aussi. Son inutilité s’observe dans n’importe quelle tentative de réaliser un geste humain éthique aujourd’hui. Seule l’annihilation des frontières inter-espèces pourrait sauver la nouvelle morale et le nouvel esthétisme.
IX
L’animal pense, donc il existe. “Je pense, donc je suis”, est la justification de l’homme à son permis de détruire. Mais où est la preuve que l’animal ne peut penser? Vous le pensez seulement parce qu’il ne cite pas Deleuze et Guattari et leur stratégie de devenir un animal? Ce n’est pas une vraie preuve. Chacune des espèces biologiques a sa propre culture et ses propres problèmes linguistiques. Sommes-nous capable de citer une abeille ou une fourmi, et connaissent-elles moins de succès dans la construction d’une société que Sir Thomas Moore?
X
L’expansion de la morale à une morale inter-espèce est la principale demande du libéralisme et de la démocratie. Les valeurs libérales, la démocratie, représentent les seules réussites de l’humanité qu’elle déforme elle-même chaque minute. Cette déformation peut s’expliquer par le fait que l’homme est exclu de plusieurs relations inter-espèces. Vous ne pouvez pas être démocrate et libéral au sein d’une espèce lorsque vous ignorez, réprimez et annihilez les autres.
I
L’esprit créateur n’est pas anthropomorphique. Apparemment le monde n’est pas définitivement séparé entre Dieu et le Diable, entre l’homme et la femme, entre les démocrates et les conservateurs, les libéraux et les radicaux. Le monde est beaucoup plus varié. Il est partagé entre le phoque et la chauve-souris, la fourmi et le fourmilier, entre l’homme et le chien.
II
Nous sommes en train de perdre le monde, et nous mêmes, dans notre marchandage. L’homme est vieux, faible et absolument immoral. Du fait de cette obsession de l’idée de Superman, l’homme est condamné s’il n’est pas capable de trouver la source de l’énergie intellectuelle pour donner naissance à une nouvelle morale, et si, démoralisé par son histoire, il n’est finalement pas capable de trouver sa propre place dans le monde réel (le monde absolu, non-conventionnel et non virtuel). Finalement, la catégorie de la réalité n’a été intégrée dans aucun système philosophique ou esthétique. Même la science a abandonné toutes les opérations dans cette catégorie (les exceptions sont extrêmement rares). Mais le salut est toujours possible.
III
C’est précisément l’homme qui doit faire le premier pas vers la morale post-humaniste, en ce qu’il est une dette impayable pour toutes les espèces (la sienne incluse).
IV
L’homme sera sauvé par son humilité et méprisé pour son orgueil anthropocentrique. Ni le Superman, ni l’homme de la masse, qui cache avec empressement un Superman en lui, n’ont de futur. Le futur est post-humaniste. L’homme n’est pas le roi de la nature ou la couronne de la création, il n’est qu’une espèce biologique parmi toutes celles qui peuplent notre planète, et pas la plus nombreuse (les insectes sont plus nombreux). Rien, excepté l’agressivité, n’en fait une espèce supérieure aux autres.
V
L’alter ego de l’homme est un animal supprimé en lui, une créature qui ne peut pas mentir, qui connaît le secret d’une existence harmonieuse dans le monde réel, et qui ignore les problèmes d’identité. L’animal est absolu, et son identité est absolument évidente. Histoire, politique, art, sont un témoignage clair du fait que l’homme ne peut pas construire seul, opposé à l’Autre (lui-même un être humain). L’homme doit trouver un Autre non-anthropomorphe en lui-même.
VI
Aimer un animal en vous-même, c’est comprendre et aimer tout les êtres qui vivent et respirent à vos côtés, qu’ils soient humain ou chien, lion ou tueur de baleines, fourmi ou fourmilier, phoque ou chauve-souris. Nous sommes égaux lorsque nous faisons face à la réalité. Seul l’ascétisme de se dissoudre dans l’Autre et l’empressement de dissoudre l’Autre en soi-même peut sauver l’homme et le monde.
VII
Dans l’humilité d’un homme, dans sa quête pour sa vraie place dans le vrai monde se dissimule l’impulsion extraordinaire d’une énergie créative. La nouvelle culture d’une Noosphère sera disponible à n’importe quel être vivant parce que cette nouvelle culture sera basée sur le réflexe (et non la réflexion), elle sera basée sur le langage de la douleur et de la passion, les seuls capables de rendre l’odeur de la réalité que l’homme a oubliée (étymologiquement, noos signifie la capacité de sentir).
VIII
Le message et l’objectif de l’art aujourd’hui sont de trouver une morale intégrée, fonctionnelle pour tous les êtres vivants. L’art est mort quand il ne parle pas de la chose principale, de la morale (et il n’en a pas parlé depuis longtemps). L’esthétique comme sphère de l’activité humaine est morte. Aujourd’hui, l’inutilité de l’esthétisme peut s’observer dans n’importe quel geste esthétique. L’éthique est morte aussi. Son inutilité s’observe dans n’importe quelle tentative de réaliser un geste humain éthique aujourd’hui. Seule l’annihilation des frontières inter-espèces pourrait sauver la nouvelle morale et le nouvel esthétisme.
IX
L’animal pense, donc il existe. “Je pense, donc je suis”, est la justification de l’homme à son permis de détruire. Mais où est la preuve que l’animal ne peut penser? Vous le pensez seulement parce qu’il ne cite pas Deleuze et Guattari et leur stratégie de devenir un animal? Ce n’est pas une vraie preuve. Chacune des espèces biologiques a sa propre culture et ses propres problèmes linguistiques. Sommes-nous capable de citer une abeille ou une fourmi, et connaissent-elles moins de succès dans la construction d’une société que Sir Thomas Moore?
X
L’expansion de la morale à une morale inter-espèce est la principale demande du libéralisme et de la démocratie. Les valeurs libérales, la démocratie, représentent les seules réussites de l’humanité qu’elle déforme elle-même chaque minute. Cette déformation peut s’expliquer par le fait que l’homme est exclu de plusieurs relations inter-espèces. Vous ne pouvez pas être démocrate et libéral au sein d’une espèce lorsque vous ignorez, réprimez et annihilez les autres.