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 DES PALMERAIES

JUSQU’EN SCANDINAVIE

 

 

Georges Marbeck

 DES PALMERAIES

JUSQU’EN

SCANDINAVIE

  

Georges Marbeck

Une palme fossilisée de Palmites.

Les affinités de l’homme et des palmiers ne sont pas nées d’hier. Elles ont une longue, très longue histoire qui remonte à des millions d’années, lorsque ce bipède du genre Homo, à la main cueilleuse et ouvrière, a émergé sur les terres sauvages de l’Afrique. Une aubaine pour les premiers hominidés jusqu’à notre semblable, Homo sapiens, apparu il y a quelques 300.000 ans, de pouvoir se nourrir de dattes, d’huile, de sucre, de farine et autres produits comestibles issus de plusieurs espèces de palmiers poussant dans leur environnement. Une aubaine aussi pour nos ancêtres africains de pouvoir tirer de ce somptueux végétal, qui n’est pas un arbre mais une plante arborescente comme la fougère géante, des matériaux et objets utiles à la vie quotidienne: feuilles de chaume pour couvrir des huttes, bois de charpente, rafia, fibres de pagnes, tapis, corbeilles, paniers, etc.

Comme le rappelait le naturaliste Carl Von Linné, grand classificateur des Plantes, “le palmier offre à l’homme absolument tout”. Le même Linné, qui en 1753 n’en connaissait qu’une quinzaine d’espèces, avait donné comme appellation générique aux palmiers le nom de principes, autrement dit “les princes du règne végétal”, une manière de rendre hommage aux superbes jaillissements de palmes en éventail, là-haut vers le ciel, qui caractérisent le profil de la plupart des quelques 3000 espèces de ce noble produit de la nature. C’est bien ce beau profil flabelliforme qui a contribué à faire du palmier le symbole d’un ailleurs réel ou imaginaire, mythologique ou fantastique comme on peut le voir sur des figures dès la haute antiquité. Entre autres cette succession de palmiers du genre Phoenix gravés sur le bas-relief d’un temple de l’Égypte d’il y a plus de 4 000 ans, associé au culte de la déesse Osiris, le Phoenix préfigurait l’immortalité et les prêtres célébrant son culte portaient des rameaux de ses palmes. Bien des siècles plus tard, les Grecs célèbrent le palmier, attribut d’Apollon, comme symbole des forces créatrices et de la victoire. Car, comme le rapporte Homère, “jamais arbre aussi majestueux ne s’élève sur la terre”. Ce thème se retrouve superbement illustré à la fin du 18e siècle sur le tableau de Nicolas Coypel “Apollon couronné par la Victoire”, où de fastueux palmiers encadrent en fond de toile la scène mythologique. L’usage et l’image de la palme sont ainsi devenus, très tôt dans l’histoire, le symbole de la gloire et du triomphe. De même que la représentation d’un palmier ou d’une palmeraie dans un pays où il ne pousse pas naturellement peut devenir l’image d’un rêve ou d’une évasion paradisiaque. C’est bien pourquoi nombre de tableaux, dessins, papiers peints, tapisseries, gravures, sculptures, objets d’art représentent des palmiers qui contribuent à la magie du décor.

 

Ce goût du palmier se retrouve d’abondance dans l’arbori-culture des régions du monde où les palmiers ne sont pas endémiques. C’est ainsi qu’en France, où il n’existe qu’une seule espèce en milieu naturel dans le midi, le Chamaerops humilis, des dizaines d’espèces, venues d’ailleurs, ont été acclimatées dans les jardins, les espaces verts privés ou publics depuis le début du XIXe siècle. C’est le cas de diverses variétés de Phoenix, originaires d’Afrique, de Turquie, d’Arabie, d’Inde, de Chine, de Malaisie ou d’ailleurs. Quelques autres espèces venues de régions plus tempérées ont été acclimatées plus au nord. C’est le cas du Trachycarpus fortunei qui pousse en Chine et au nord de l’Inde jusqu’à 2000 mètres d’altitude. On le retrouve aujourd’hui couramment planté en Aquitaine mais aussi en Bretagne, en Normandie, en Belgique et même en Angleterre où il se porte très bien. De beaux spécimens poussent également en plein air à Paris au Jardin des Plantes, au Trocadéro et dans bien d’autres espaces verts de la capitale.

 

Avec le réchauffement climatique qui s’annonce, on verra très certainement dans le temps qui vient, prospérer ce palmier et bien d’autres espèces jusque dans le grand nord de l’Europe. Autant dire que vers la fin de ce siècle, à la belle saison, on ira prendre le soleil là-haut, sur les plages de la mer de Norvège, bordées de somptueuses palmeraies. À noter que ce n’est là que le retour à un lointain passé. En effet des fossiles de palmiers datant de la fin de l’ère tertiaire ont été découverts en Belgique, en Allemagne, en Autriche et en Scandinavie. Comme chacun sait, la vie est un éternel recommencement! C’est le message que nous adressent les palmiers. Alors cultivons-les d’abondance partout où le climat leur convient. ■ 

Les affinités de l’homme et des palmiers ne sont pas nées d’hier. Elles ont une longue, très longue histoire qui remonte à des millions d’années, lorsque ce bipède du genre Homo, à la main cueilleuse et ouvrière, a émergé sur les terres sauvages de l’Afrique. Une aubaine pour les premiers hominidés jusqu’à notre semblable, Homo sapiens, apparu il y a quelques 300.000 ans, de pouvoir se nourrir de dattes, d’huile, de sucre, de farine et autres produits comestibles issus de plusieurs espèces de palmiers poussant dans leur environnement. Une aubaine aussi pour nos ancêtres africains de pouvoir tirer de ce somptueux végétal, qui n’est pas un arbre mais une plante arborescente comme la fougère géante, des matériaux et objets utiles à la vie quotidienne: feuilles de chaume pour couvrir des huttes, bois de charpente, rafia, fibres de pagnes, tapis, corbeilles, paniers, etc.

Comme le rappelait le naturaliste Carl Von Linné, grand classificateur des Plantes, “le palmier offre à l’homme absolument tout”. Le même Linné, qui en 1753 n’en connaissait qu’une quinzaine d’espèces, avait donné comme appellation générique aux palmiers le nom de principes, autrement dit “les princes du règne végétal”, une manière de rendre hommage aux superbes jaillissements de palmes en éventail, là-haut vers le ciel, qui caractérisent le profil de la plupart des quelques 3000 espèces de ce noble produit de la nature. C’est bien ce beau profil flabelliforme qui a contribué à faire du palmier le symbole d’un ailleurs réel ou imaginaire, mythologique ou fantastique comme on peut le voir sur des figures dès la haute antiquité. Entre autres cette succession de palmiers du genre Phoenix gravés sur le bas-relief d’un temple de l’Égypte d’il y a plus de 4 000 ans, associé au culte de la déesse Osiris, le Phoenix préfigurait l’immortalité et les prêtres célébrant son culte portaient des rameaux de ses palmes. Bien des siècles plus tard, les Grecs célèbrent le palmier, attribut d’Apollon, comme symbole des forces créatrices et de la victoire. Car, comme le rapporte Homère, “jamais arbre aussi majestueux ne s’élève sur la terre”. Ce thème se retrouve superbement illustré à la fin du 18e siècle sur le tableau de Nicolas Coypel “Apollon couronné par la Victoire”, où de fastueux palmiers encadrent en fond de toile la scène mythologique. L’usage et l’image de la palme sont ainsi devenus, très tôt dans l’histoire, le symbole de la gloire et du triomphe. De même que la représentation d’un palmier ou d’une palmeraie dans un pays où il ne pousse pas naturellement peut devenir l’image d’un rêve ou d’une évasion paradisiaque. C’est bien pourquoi nombre de tableaux, dessins, papiers peints, tapisseries, gravures, sculptures, objets d’art représentent des palmiers qui contribuent à la magie du décor.

 

Ce goût du palmier se retrouve d’abondance dans l’arbori-culture des régions du monde où les palmiers ne sont pas endémiques. C’est ainsi qu’en France, où il n’existe qu’une seule espèce en milieu naturel dans le midi, le Chamaerops humilis, des dizaines d’espèces, venues d’ailleurs, ont été acclimatées dans les jardins, les espaces verts privés ou publics depuis le début du XIXe siècle. C’est le cas de diverses variétés de Phoenix, originaires d’Afrique, de Turquie, d’Arabie, d’Inde, de Chine, de Malaisie ou d’ailleurs. Quelques autres espèces venues de régions plus tempérées ont été acclimatées plus au nord. C’est le cas du Trachycarpus fortunei qui pousse en Chine et au nord de l’Inde jusqu’à 2000 mètres d’altitude. On le retrouve aujourd’hui couramment planté en Aquitaine mais aussi en Bretagne, en Normandie, en Belgique et même en Angleterre où il se porte très bien. De beaux spécimens poussent également en plein air à Paris au Jardin des Plantes, au Trocadéro et dans bien d’autres espaces verts de la capitale.

 

Avec le réchauffement climatique qui s’annonce, on verra très certainement dans le temps qui vient, prospérer ce palmier et bien d’autres espèces jusque dans le grand nord de l’Europe. Autant dire que vers la fin de ce siècle, à la belle saison, on ira prendre le soleil là-haut, sur les plages de la mer de Norvège, bordées de somptueuses palmeraies. À noter que ce n’est là que le retour à un lointain passé. En effet des fossiles de palmiers datant de la fin de l’ère tertiaire ont été découverts en Belgique, en Allemagne, en Autriche et en Scandinavie. Comme chacun sait, la vie est un éternel recommencement! C’est le message que nous adressent les palmiers. Alors cultivons-les d’abondance partout où le climat leur convient. ■ 

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Georges Marbeck a collaboré à la revue Recherches avec Michel Foucault et Gilles Deleuze. Il est l’auteur de Hautefaye, l’année terrible (Robert Laffont). Il a aussi publié L’Orgie, voie du sacré, fait du prince, instinct de fête, ouvrage de référence.

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