Climate Security Expert Network*
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Aley, Le Liban : Maya Rahal, 2 ans, n’avait que 24 jours lorsqu’elle est arrivée au Liban avec sa famille. Elle est née à Tadmor, en Syrite. Après leur arrivée, sa mère a été malade pendant près de deux mois d’épuisement nerveux. Photo : Liam Maloney.
La conceptualisation des liens entre le changement climatique et le conflit a commencé dans les années 1990. Les premières théories étaient cependant trop simplistes, déterministes et réductionnistes. En s’appuyant sur l’argument de la “guerres des ressources” d’Homer-Dixon (1994), elles ont essayé d’établir un lien direct entre le changement climatique – qui provoque la concurrence sur les ressources rendues rares et augmente la vulnérabilité économique en raison d’une fréquence plus élevée de risques naturels – et les conflits violents.
À la fin des années 2000, une deuxième école de littérature a fait son apparition, soulignant que “les facteurs de changement climatique ne causent pas par eux-mêmes de conflits violents, mais influent plutôt sur les paramètres contribuant à générer des conflits violents” (étude Barnett et Adger, 2007). Les changements climatiques sont alors considérés comme un “multiplicateur de menaces”, qui exacerbe les risques et la dynamique de conflits existants. Cette documentation a également mis en évidence le rôle essentiel des autres risques de fragilité comme la mauvaise gouvernance politique et les institutions illégitimes et inefficaces – ceux-ci influencent les réactions des populations face à la variabilité et au réchauffement du climat tout comme la probabilité de conflits violents.
1. Recherche quantitative
Au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont appliqué un nombre croissant d’approches quantitatives pour comprendre les liens entre le réchauffement, les conflits et la fragilité. Les résultats de ces études ont toutefois varié: 48% ont constaté que les changements climatiques influencent les conflits – 28% ont produit des résultats mitigés – 12% n’ont trouvé aucun lien (étude Detges, 2017). L’absence d’une image claire indique les limites des modèles statistiques quantitatifs actuels plutôt que l’absence globale d’une relation directe ou indirecte entre le réchauffement, les conflits et la fragilité.
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“Le réchauffement climatique est de plus en plus considérés comme un “multiplicateur de menaces.”
“Le réchauffement climatique est de plus en plus considérés comme un
“multiplicateur de menaces.”
La conceptualisation des liens entre le changement climatique et le conflit a commencé dans les années 1990. Les premières théories étaient cependant trop simplistes, déterministes et réductionnistes. En s’appuyant sur l’argument de la “guerres des ressources” d’Homer-Dixon (1994), elles ont essayé d’établir un lien direct entre le changement climatique – qui provoque la concurrence sur les ressources rendues rares et augmente la vulnérabilité économique en raison d’une fréquence plus élevée de risques naturels – et les conflits violents.
À la fin des années 2000, une deuxième école de littérature a fait son apparition, soulignant que “les facteurs de changement climatique ne causent pas par eux-mêmes de conflits violents, mais influent plutôt sur les paramètres contribuant à générer des conflits violents” (étude Barnett et Adger, 2007). Les changements climatiques sont alors considérés comme un “multiplicateur de menaces”, qui exacerbe les risques et la dynamique de conflits existants. Cette documentation a également mis en évidence le rôle essentiel des autres risques de fragilité comme la mauvaise gouvernance politique et les institutions illégitimes et inefficaces – ceux-ci influencent les réactions des populations face à la variabilité et au réchauffement du climat tout comme la probabilité de conflits violents.
1. Recherche quantitative
Au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont appliqué un nombre croissant d’approches quantitatives pour comprendre les liens entre le réchauffement, les conflits et la fragilité. Les résultats de ces études ont toutefois varié: 48% ont constaté que les changements climatiques influencent les conflits – 28% ont produit des résultats mitigés – 12% n’ont trouvé aucun lien (étude Detges, 2017). L’absence d’une image claire indique les limites des modèles statistiques quantitatifs actuels plutôt que l’absence globale d’une relation directe ou indirecte entre le réchauffement, les conflits et la fragilité.
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“Le réchauffement climatique est de plus en plus considérés comme un “multiplicateur de menaces.”
2. Recherche qualitative
En réponse à ces limites, des études qualitatives récentes ont mis davantage l’accent sur le moment, l’endroit et la façon dont les risques spécifiques de fragilité climatique sont susceptibles d’interagir dans des contextes particuliers. Quatre constatations clés ressortent de ces études: Moyens de subsistance et sécurité alimentaire.
Il a été clairement constaté que le réchauffement climatique a une incidence directe sur les moyens de subsistance tributaires des ressources naturelles dans les régions rurales en diminuant les rendements agricoles, en contribuant à la dégradation des terres ou en réduisant la disponibilité en eau (étude Stark et al., 2009). Ces effets peuvent accroître la migration vers les communautés voisines, les zones urbaines ou les pays voisins, et mener à des stratégies d’adaptation négatives comme les vols de bétail, la délinquance ou la déforestation (étude Rüttinger et al., 2015).
Les répercussions indirectes du réchauffement sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont également une incidence sur les prix des aliments et peuvent mener à des “émeutes alimentaires” lorsqu’elles sont combinées à des griefs politiques et à l’insatisfaction à l’égard des mécanismes de gouvernance existants (étude Evans, 2009; Gregory et coll., 2005; Werrell et Femia, 2013). Les situations préexistantes, comme l’histoire des conflits, la marginalisation et la répartition inégale des terres, interagissent alors avec les risques de fragilité climatique et les renforcent (Evans, 2010).
Problèmes de gouvernance.
Le rôle de la gouvernance dans l’établissement de liens entre le réchauffement, la fragilité et les conflits a été observé dans divers contextes, du Sahel à l’Asie du Sud, en passant par l’Asie centrale, l’Amérique latine et l’Afrique. Plusieurs études ont confirmé que les risques de conflit sont plus élevés dans les contextes où les communautés manquent d’institutions, de stabilité économique et de porte-paroles pour faire face à l’augmentation de la fréquence et de la gravité des impacts du réchauffement (étude PNUE, 2011).
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Les répercussions indirectes du réchauffement sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont une incidence sur les prix des aliments et peuvent mener à des “émeutes alimentaires.”
2. Recherche qualitative
En réponse à ces limites, des études qualitatives récentes ont mis davantage l’accent sur le moment, l’endroit et la façon dont les risques spécifiques de fragilité climatique sont susceptibles d’interagir dans des contextes particuliers. Quatre constatations clés ressortent de ces études: Moyens de subsistance et sécurité alimentaire.
Il a été clairement constaté que le réchauffement climatique a une incidence directe sur les moyens de subsistance tributaires des ressources naturelles dans les régions rurales en diminuant les rendements agricoles, en contribuant à la dégradation des terres ou en réduisant la disponibilité en eau (étude Stark et al., 2009). Ces effets peuvent accroître la migration vers les communautés voisines, les zones urbaines ou les pays voisins, et mener à des stratégies d’adaptation négatives comme les vols de bétail, la délinquance ou la déforestation (étude Rüttinger et al., 2015).
Les répercussions indirectes du réchauffement sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont également une incidence sur les prix des aliments et peuvent mener à des “émeutes alimentaires” lorsqu’elles sont combinées à des griefs politiques et à l’insatisfaction à l’égard des mécanismes de gouvernance existants (étude Evans, 2009; Gregory et coll., 2005; Werrell et Femia, 2013). Les situations préexistantes, comme l’histoire des conflits, la marginalisation et la répartition inégale des terres, interagissent alors avec les risques de fragilité climatique et les renforcent (Evans, 2010).
Problèmes de gouvernance.
Le rôle de la gouvernance dans l’établissement de liens entre le réchauffement, la fragilité et les conflits a été observé dans divers contextes, du Sahel à l’Asie du Sud, en passant par l’Asie centrale, l’Amérique latine et l’Afrique. Plusieurs études ont confirmé que les risques de conflit sont plus élevés dans les contextes où les communautés manquent d’institutions, de stabilité économique et de porte-paroles pour faire face à l’augmentation de la fréquence et de la gravité des impacts du réchauffement (étude PNUE, 2011).
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Les répercussions indirectes du réchauffement sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont une incidence sur les prix des aliments et peuvent mener à des “émeutes alimentaires.”
Cohésion sociale.
Un nombre croissant d’études attirent l’attention sur la façon dont le réchauffement mine la capacité des gouvernements à fournir des services à sa population (étude Werrell et Femia, 2013; Vivekananda et coll., 2019, etc). Au fur et à mesure que le réchauffement augmente, les risques alimentaires et sociaux auxquels sont confrontés les citoyens, la pression sur les gouvernements pour garantir les fonctions essentielles et fournir les services de base augmente également. Le défaut de réponse aux attentes des gens met en lumière les lignes de faille des structures de gouvernance faibles, influençant négativement les perceptions des gens sur la légitimité et l’efficacité des gouvernements. En fin de compte, cela peut accroître le risque de troubles civils (étude Kaplan, 2009). Les effets négatifs du réchauffement sur les moyens de subsistance, combinés à une gouvernance limitée, ont également été associés à la croissance des groupes armés non étatiques, du terrorisme et du crime organisé (étude Nett et Rüttinger, 2016).
Adaptation positive au changement climatique
Plusieurs études montrent que les mesures d’adaptation au changement climatique peuvent avoir une influence stabilisatrice sur les États faibles ou fragiles et réduire les vulnérabilités, les conflits, la criminalité et l’insécurité (étude Tänzler et al., 2013). Pour avoir un effet stabilisateur, elles doivent inclure des processus qui renforcent la confiance, la coopération et les réseaux (capital social) entre les groupes en conflit et entre le gouvernement et le peuple (p. ex., par la gestion partagée des ressources naturelles, des consultations significatives avec les habitants et des mécanismes de responsabilisation sociale), tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et aux possibilités de développement. ■
Cohésion sociale.
Un nombre croissant d’études attirent l’attention sur la façon dont le réchauffement mine la capacité des gouvernements à fournir des services à sa population (étude Werrell et Femia, 2013; Vivekananda et coll., 2019, etc). Au fur et à mesure que le réchauffement augmente, les risques alimentaires et sociaux auxquels sont confrontés les citoyens, la pression sur les gouvernements pour garantir les fonctions essentielles et fournir les services de base augmente également. Le défaut de réponse aux attentes des gens met en lumière les lignes de faille des structures de gouvernance faibles, influençant négativement les perceptions des gens sur la légitimité et l’efficacité des gouvernements. En fin de compte, cela peut accroître le risque de troubles civils (étude Kaplan, 2009). Les effets négatifs du réchauffement sur les moyens de subsistance, combinés à une gouvernance limitée, ont également été associés à la croissance des groupes armés non étatiques, du terrorisme et du crime organisé (étude Nett et Rüttinger, 2016).
Adaptation positive au changement climatique
Plusieurs études montrent que les mesures d’adaptation au changement climatique peuvent avoir une influence stabilisatrice sur les États faibles ou fragiles et réduire les vulnérabilités, les conflits, la criminalité et l’insécurité (étude Tänzler et al., 2013). Pour avoir un effet stabilisateur, elles doivent inclure des processus qui renforcent la confiance, la coopération et les réseaux (capital social) entre les groupes en conflit et entre le gouvernement et le peuple (p. ex., par la gestion partagée des ressources naturelles, des consultations significatives avec les habitants et des mécanismes de responsabilisation sociale), tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et aux possibilités de développement. ■
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*Extrait du rapport The climate change – conflict connection (12/11/2019) du Climate Security Expert Network, qui regroupe une trentaine d’experts internationaux. Il a été créé par le think tank Adelphi et le Ministère des affaires étrangères allemand pour informer l’ONU sur les risques politiques et humains associés à la fragilité climatique.