LES INTELLECTUELS
CONSERVATEURS S’INQUIÈTENT
Robert Kagan.
The Washington Post (28/09/21)
LES INTELLECTUELS
CONSERVATEURS S’INQUIÈTENT
Robert Kagan
The Washington Post (28/09/21)
United States Capitol protests – 6 January 2021. Photo: Elvert Barnes.
TALIBANS:
LA HAINE DES FEMMES
Frédéric Joignot
Martin Wolf, l’analyste économico-politique écouté du Financial Times, estime dans un article inquiet publié le 28 septembre, “The strange death of American democracy”, que si Trump et le GOP gagnent les élections en 2024, la démocratie américaine n’y survivra pas, verrouillée de l’intérieur par un parti galvanisé par un chef populiste ne tolérant aucune dissidence, contrôlant tous les contre-pouvoirs du pays (la Cour Suprême, le Sénat, la chambre des représentants...), ayant réorganisé en sa faveur tout le dispositif électoral en se donnant les moyens de contester tout vote jugé contraire à ses intérêts – une manœuvre d’une gravité sans précédent. Pour Martin Wolf, cette victoire pourrait changer le cours de l’histoire mondiale, affaiblissant le camps des sociétés ouvertes et du monde libre, confortant les régimes autoritaires et climatosceptiques, nous faisant entrer dans une ère de ténèbres – tant autocratiques que climatiques.
Dans ce texte, Martin Wolf fait siennes les analyses d’un autre politologue conservateur, Robert Kagan, qui a publié le 24 septembre dans le Washington Post un “essay” au titre révélateur, “Our constitutionnel crisis is already here...” Dans ce long article, Robert Kagan explique comment le GOP, désormais affidé à Donald Trump et sa théorie du complot concernant “le vol de l’élection” par des tripatouillages électoraux – une accusation infirmée par toutes les contre-enquêtes – est passé à une dangereuse tentative de contrôle du processus électoral lui-même.
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Martin Wolf, l’analyste économico-politique écouté du Financial Times, estime dans un article inquiet publié le 28 septembre, “The strange death of American democracy”, que si Trump et le GOP gagnent les élections en 2024, la démocratie américaine n’y survivra pas, verrouillée de l’intérieur par un parti galvanisé par un chef populiste ne tolérant aucune dissidence, contrôlant tous les contre-pouvoirs du pays (la Cour Suprême, le Sénat, la chambre des représentants...), ayant réorganisé en sa faveur tout le dispositif électoral en se donnant les moyens de contester tout vote jugé contraire à ses intérêts – une manœuvre d’une gravité sans précédent. Pour Martin Wolf, cette victoire pourrait changer le cours de l’histoire mondiale, affaiblissant le camps des sociétés ouvertes et du monde libre, confortant les régimes autoritaires et climatosceptiques, nous faisant entrer dans une ère de ténèbres – tant autocratiques que climatiques.
Dans ce texte, Martin Wolf fait siennes les analyses d’un autre politologue conservateur, Robert Kagan, qui a publié le 24 septembre dans le Washington Post un “essay” au titre révélateur, “Our constitutionnel crisis is already here..” Dans ce long article, Robert Kagan explique comment le GOP, désormais affidé à Donald Trump et sa théorie du complot concernant “le vol de l’élection” par des tripatouillages électoraux – une accusation infirmée par toutes les contre-enquêtes – est passé à une dangereuse tentative de contrôle du processus électoral lui-même.
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“LE DÉCOR EST PLANTÉ
POUR LE CHAOS”
“Le décor est planté pour le chaos”
Robert Kagan, The Washington Post (28/09/21)
Robert Kagan, The Washington Post (28/09/21)
Extraits choisis
“Les États-Unis se dirigent vers leur plus grande crise politique et constitutionnelle depuis la guerre civile, avec une chance raisonnable au cours des trois à quatre prochaines années d’incidents de violence de masse, une rupture de l’autorité fédérale et la division du pays en guerres rouges et enclaves bleues.
Trump et ses alliés républicains se préparent activement à assurer sa victoire par tous les moyens nécessaires. Les accusations de fraude de Trump lors des élections de 2020 visent désormais principalement à établir le prédicat pour contester les futurs résultats des élections qui ne vont pas dans son sens. Certains candidats républicains ont déjà commencé à se préparer à déclarer une fraude en 2022, tout comme Larry Elder a docilement tenté de le faire lors des élections de rappel en Californie (largement emportées par les démocrates).
Extraits choisis
“Les États-Unis se dirigent vers leur plus grande crise politique et constitutionnelle depuis la guerre civile, avec une chance raisonnable au cours des trois à quatre prochaines années d’incidents de violence de masse, une rupture de l’autorité fédérale et la division du pays en guerres rouges et enclaves bleues.
Trump et ses alliés républicains se préparent activement à assurer sa victoire par tous les moyens nécessaires. Les accusations de fraude de Trump lors des élections de 2020 visent désormais principalement à établir le prédicat pour contester les futurs résultats des élections qui ne vont pas dans son sens. Certains candidats républicains ont déjà commencé à se préparer à déclarer une fraude en 2022, tout comme Larry Elder a docilement tenté de le faire lors des élections de rappel en Californie (largement emportées par les démocrates).
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“Il existe une chance raisonnable au cours des prochaines années d’incidents de violence de masse, d’une rupture de l’autorité fédérale et de la division du pays en guerres rouges et enclaves bleues.”
“Il existe une chance raisonnable au cours des prochaines années d’incidents de violence de masse, d’une rupture de l’autorité fédérale et de la division du pays en guerres rouges et enclaves bleues.”
Ces fonctionnaires républicains récalcitrants qui ont effectivement sauvé le pays de la calamité en refusant de faussement déclarer la fraude ou de “trouver” plus de votes pour Trump sont aujourd’hui systématiquement démis de leurs fonctions ou traqués. Les législatures républicaines se donnent un plus grand contrôle sur le processus de certification des élections. Depuis ce printemps, les républicains ont proposé ou adopté des mesures dans au moins 16 États, ce qui va déplacer certaines autorités électorales de la compétence du gouverneur, du secrétaire d’État ou d’autres agents de l’exécutif à la législature.
Un projet de loi de l’Arizona déclare catégoriquement que la législature peut “révoquer la délivrance ou la certification par le secrétaire d’État du certificat d’élection d’un électeur présidentiel” par un vote à la majorité simple. Certaines législatures d’État cherchent à imposer des sanctions pénales aux fonctionnaires électoraux locaux soupçonnés d’avoir commis des “infractions techniques”, notamment en obstruant la vue des observateurs du scrutin.
Le décor est donc planté pour le chaos. Imaginez des semaines de manifestations de masse concurrentes dans plusieurs États alors que les législateurs des deux parties revendiquent la victoire et accusent l’autre d’efforts inconstitutionnels pour prendre le pouvoir. Les partisans des deux côtés seront probablement mieux armés et plus disposés à faire du mal qu’ils ne l’étaient en 2020. Les gouverneurs appelleraient-ils la Garde nationale?
Le président Biden nationalisera-t-il la Garde et la placera-t-il sous son contrôle, invoquant l’Insurrection Act et envoyant des troupes en Pennsylvanie, au Texas ou au Wisconsin pour réprimer les violentes manifestations? Le déploiement du pouvoir fédéral dans les États serait décrié comme de la tyrannie. Biden se retrouverait là où d’autres présidents ont été – où Andrew Jackson était pendant la crise d’annulation, où Abraham Lincoln était après la sécession du Sud – naviguant sans règles ni précédents.” ■
Ces fonctionnaires républicains récalcitrants qui ont effectivement sauvé le pays de la calamité en refusant de faussement déclarer la fraude ou de “trouver” plus de votes pour Trump sont aujourd’hui systématiquement démis de leurs fonctions ou traqués. Les législatures républicaines se donnent un plus grand contrôle sur le processus de certification des élections. Depuis ce printemps, les républicains ont proposé ou adopté des mesures dans au moins 16 États, ce qui va déplacer certaines autorités électorales de la compétence du gouverneur, du secrétaire d’État ou d’autres agents de l’exécutif à la législature.
Un projet de loi de l’Arizona déclare catégoriquement que la législature peut “révoquer la délivrance ou la certification par le secrétaire d’État du certificat d’élection d’un électeur présidentiel” par un vote à la majorité simple. Certaines législatures d’État cherchent à imposer des sanctions pénales aux fonctionnaires électoraux locaux soupçonnés d’avoir commis des “infractions techniques”, notamment en obstruant la vue des observateurs du scrutin.
Le décor est donc planté pour le chaos. Imaginez des semaines de manifestations de masse concurrentes dans plusieurs États alors que les législateurs des deux parties revendiquent la victoire et accusent l’autre d’efforts inconstitutionnels pour prendre le pouvoir. Les partisans des deux côtés seront probablement mieux armés et plus disposés à faire du mal qu’ils ne l’étaient en 2020. Les gouverneurs appelleraient-ils la Garde nationale?
Le président Biden nationalisera-t-il la Garde et la placera-t-il sous son contrôle, invoquant l’Insurrection Act et envoyant des troupes en Pennsylvanie, au Texas ou au Wisconsin pour réprimer les violentes manifestations? Le déploiement du pouvoir fédéral dans les États serait décrié comme de la tyrannie. Biden se retrouverait là où d’autres présidents ont été – où Andrew Jackson était pendant la crise d’annulation, où Abraham Lincoln était après la sécession du Sud – naviguant sans règles ni précédents.” ■
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