Journalistes propageant des fausses nouvelles. Dessin du caricaturiste américain Frederick Burr Opper, 1894.
L’AMÉRIQUE AU BORD
DE L’ABÎME
Par Timothy Snyder, historien, New York Times (13/01/21).
L’AMÉRIQUE AU BORD DE L’ABÎME
Par Timothy Snyder, historien, New York Times (13/01/21).
Depuis les événements du Capitole et la fin de la présidence d'un Donald Trump décidé à renverser les résultats des élections, politologues et historiens tentent de prendre la mesure du véritable “crash test” qu’a subi la démocratie américaine – un président soutenu en France, n’oublions pas, par des figures illibérales et anti-européennes comme Marine Le Pen, Eric Zemmour ou Michel Houellebecq (“un des meilleurs présidents américains jamais vus” dit-il de Donald Trump dans le Harper’s magazine, 13/12/18).
Le New York Times relaie régulièrement ces discussions en Français sur son site. Nous republions ici des extraits de l’analyse de Timothy Snyder, professeur d’histoire Levin à l’université de Yale, auteur de deux ouvrages sur les atrocités en politique “Terres de sang: L’Europe entre Hitler et Staline” et “Terre Noire: l’Holocauste et pourquoi il peut se répéter”, ainsi que de l’essai “De la tyrannie: Vingt leçons du XXe siècle”, qui traite du virage de l’Amérique vers l’autoritarisme.
PRÉ-FASCISME AMÉRICAIN
“La Post-vérité, c’est le pré-fascisme, et Trump a été notre président post-vérité. Renoncer à la vérité, c’est donner le pouvoir à ceux qui ont la richesse et le charisme nécessaires pour mettre en scène un spectacle qui tiendra lieu de vérité. Sans un accord commun sur un certain nombre de faits incontestables, les citoyens ne peuvent pas former de société civile qui leur permette de se défendre. À partir du moment où nous perdons les institutions qui produisent des faits que nous jugeons pertinents, il ne nous reste que l’attrait des abstractions et des fictions.
Dès lors qu’elle est une denrée rare, la vérité a du mal à se défendre. L’ère de Trump — comme l’ère de Vladimir Poutine en Russie — est celle du déclin de l’information locale. Les réseaux sociaux ne sauraient s’y substituer: ils surdéterminent les habitudes mentales qui font que nous recherchons les stimulations et le confort des émotions, si bien que nous ne distinguons plus ce qui semble être vrai de ce qui l’est effectivement.
La post-vérité tend à effacer la primauté de la loi et encourage le règne du mythe. Voilà quatre ans que des chercheurs s’interrogent sur la légitimité de la référence fasciste quant à la propagande trumpienne. La position facile consiste à invalider ces analyses parce qu’elles sont fondées sur la comparaison directe, et à dire que ce genre de comparaison est tabou. La position du philosophe Jason Stanley est plus intéressante puisqu’il analyse le fascisme comme un phénomène, une série de schémas que l’on observe non seulement dans l’Europe de l’entre-deux-guerres mais au-delà (…)
Depuis les événements du Capitole et la fin de la présidence d'un Donald Trump décidé à renverser les résultats des élections, politologues et historiens tentent de prendre la mesure du véritable “crash test” qu’a subi la démocratie américaine – un président soutenu en France, n’oublions pas, par des figures illibérales et anti-européennes comme Marine Le Pen, Eric Zemmour ou Michel Houellebecq (“un des meilleurs présidents américains jamais vus” dit-il de Donald Trump dans le Harper’s magazine, 13/12/18).
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Le New York Times relaie régulièrement ces discussions en Français sur son site. Nous republions ici des extraits de l’analyse de Timothy Snyder, professeur d’histoire Levin à l’université de Yale, auteur de deux ouvrages sur les atrocités en politique “Terres de sang: L’Europe entre Hitler et Staline” et “Terre Noire: l’Holocauste et pourquoi il peut se répéter”, ainsi que de l’essai “De la tyrannie: Vingt leçons du XXe siècle”, qui traite du virage de l’Amérique vers l’autoritarisme.
PRÉ-FASCISME AMÉRICAIN
“La Post-vérité, c’est le pré-fascisme, et Trump a été notre président post-vérité. Renoncer à la vérité, c’est donner le pouvoir à ceux qui ont la richesse et le charisme nécessaires pour mettre en scène un spectacle qui tiendra lieu de vérité. Sans un accord commun sur un certain nombre de faits incontestables, les citoyens ne peuvent pas former de société civile qui leur permette de se défendre. À partir du moment où nous perdons les institutions qui produisent des faits que nous jugeons pertinents, il ne nous reste que l’attrait des abstractions et des fictions.
Dès lors qu’elle est une denrée rare, la vérité a du mal à se défendre. L’ère de Trump — comme l’ère de Vladimir Poutine en Russie — est celle du déclin de l’information locale. Les réseaux sociaux ne sauraient s’y substituer: ils surdéterminent les habitudes mentales qui font que nous recherchons les stimulations et le confort des émotions, si bien que nous ne distinguons plus ce qui semble être vrai de ce qui l’est effectivement.
La post-vérité tend à effacer la primauté de la loi et encourage le règne du mythe. Voilà quatre ans que des chercheurs s’interrogent sur la légitimité de la référence fasciste quant à la propagande trumpienne. La position facile consiste à invalider ces analyses parce qu’elles sont fondées sur la comparaison directe, et à dire que ce genre de comparaison est tabou. La position du philosophe Jason Stanley est plus intéressante puisqu’il analyse le fascisme comme un phénomène, une série de schémas que l’on observe non seulement dans l’Europe de l’entre-deux-guerres mais au-delà (…)
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“Le recours au terme “fake news” fait écho à la Lügenpresse (la “presse menteuse”) honnie par les nazis qui traitait les journalistes d’“ennemis du peuple.”
“Le recours au terme “fake news” fait écho à la Lügenpresse (la “presse menteuse”) honnie par les nazis qui traitait les journalistes d’“ennemis du peuple.”
Comme tous les dirigeants fascistes, Trump s’est érigé comme unique source de vérité. Son recours au terme “fake news” fait écho à la Lügenpresse (la “presse menteuse”) honnie par les nazis, et tout comme les nazis il traite les journalistes d’“ennemis du peuple”. Comme Adolf Hitler, il est arrivé au pouvoir à un moment où la presse classique venait de boire la tasse; la crise financière de 2008 a été aux journaux américains ce que la crise de 1929 fut aux journaux allemands. Les nazis pensaient pouvoir se servir de la radio pour remplacer l’ancien pluralisme de la presse papier. Trump a essayé de faire pareil avec Twitter.
Grâce au pouvoir de la technologie et à son talent personnel, il a menti à une cadence peut-être inégalée par aucun autre dirigeant de l’histoire. Il s’agissait surtout de petits mensonges, dont l’effet principal dérivait de leur accumulation. Croire à tous ces mensonges, c’était croire à l’autorité d’un seul, parce que c’était ne pas croire à tout le reste. Une fois cette autorité personnelle établie, le Président pouvait qualifier tout le monde de menteur. Il avait même le pouvoir de transformer un proche conseiller en scélérat malhonnête d’un seul tweet. Cela dit, tant qu’il ne pouvait pas faire passer de mensonge vraiment énorme, autrement dit le mythe d’une réalité alternative dans laquelle les gens pourraient vivre et mourir, son pré-fascisme n’en était pas tout à fait un (…)
Comme tous les dirigeants fascistes, Trump s’est érigé comme unique source de vérité. Son recours au terme “fake news” fait écho à la Lügenpresse (la “presse menteuse”) honnie par les nazis, et tout comme les nazis il traite les journalistes d’“ennemis du peuple”. Comme Adolf Hitler, il est arrivé au pouvoir à un moment où la presse classique venait de boire la tasse; la crise financière de 2008 a été aux journaux américains ce que la crise de 1929 fut aux journaux allemands. Les nazis pensaient pouvoir se servir de la radio pour remplacer l’ancien pluralisme de la presse papier. Trump a essayé de faire pareil avec Twitter.
Grâce au pouvoir de la technologie et à son talent personnel, il a menti à une cadence peut-être inégalée par aucun autre dirigeant de l’histoire. Il s’agissait surtout de petits mensonges, dont l’effet principal dérivait de leur accumulation. Croire à tous ces mensonges, c’était croire à l’autorité d’un seul, parce que c’était ne pas croire à tout le reste. Une fois cette autorité personnelle établie, le Président pouvait qualifier tout le monde de menteur. Il avait même le pouvoir de transformer un proche conseiller en scélérat malhonnête d’un seul tweet. Cela dit, tant qu’il ne pouvait pas faire passer de mensonge vraiment énorme, autrement dit le mythe d’une réalité alternative dans laquelle les gens pourraient vivre et mourir, son pré-fascisme n’en était pas tout à fait un (…)
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“En voyant des suprémacistes blancs prendre d’assaut le capitole, on ne pouvait s’empêcher de ressentir que quelque chose de pur avait été violé depuis le civil right act.”
“En voyant des suprémacistes blancs prendre d’assaut le capitole, on ne pouvait s’empêcher de ressentir que quelque chose de pur avait été violé depuis le civil right act.”
En novembre 2020, parvenant à toucher des millions d’esprits solitaires au moyen des réseaux sociaux, Trump a fait passer un mensonge autrement dangereux dans son ambition: il avait gagné des élections qu’en réalité il avait perdues. Ce mensonge était énorme à plus d’un titre: pas aussi énorme que “les Juifs dirigent le monde”, mais tout de même. L’enjeu était considérable puisqu’il s’agissait du droit de diriger le pays le plus puissant du monde, et de l’efficacité et de la fiabilité des règles de succession de cette direction. Le degré de mensonge était extraordinairement élevé. Non seulement l’affirmation était fausse, mais elle était de mauvaise foi, sur la base de sources peu fiables. Elle contredisait à la fois l’évidence et la logique: comment pouvait-on (et pourquoi le ferait-on) truquer des élections contre un président républicain sans les truquer contre les sénateurs et les députés républicains? Aussi absurde que cela soit, Trump était obligé de parler d’une “élection (présidentielle) truquée” (…)
En novembre 2020, parvenant à toucher des millions d’esprits solitaires au moyen des réseaux sociaux, Trump a fait passer un mensonge autrement dangereux dans son ambition: il avait gagné des élections qu’en réalité il avait perdues. Ce mensonge était énorme à plus d’un titre: pas aussi énorme que “les Juifs dirigent le monde”, mais tout de même. L’enjeu était considérable puisqu’il s’agissait du droit de diriger le pays le plus puissant du monde, et de l’efficacité et de la fiabilité des règles de succession de cette direction. Le degré de mensonge était extraordinairement élevé. Non seulement l’affirmation était fausse, mais elle était de mauvaise foi, sur la base de sources peu fiables. Elle contredisait à la fois l’évidence et la logique: comment pouvait-on (et pourquoi le ferait-on) truquer des élections contre un président républicain sans les truquer contre les sénateurs et les députés républicains? Aussi absurde que cela soit, Trump était obligé de parler d’une “élection (présidentielle) truquée” (…)
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“L’élection truquée est un mensonge énorme qui bouleverse le champ moral de la politique américaine et la structure démocratique de l’histoire américaine.”
“L’élection truquée est un mensonge énorme qui bouleverse le champ moral de la politique américaine et la structure démocratique de l’histoire américaine.”
L’affirmation suivant laquelle Trump a été lésé et privé de la victoire est un mensonge éhonté, non seulement parce qu’il défie toute logique, mais parce qu’il décrit faussement la situation et induit inéluctablement l’idée d’un complot. C’est un mensonge énorme, qui bouleverse le champ moral de la politique américaine et la structure démocratique de l’histoire américaine. Quand le sénateur Ted Cruz a annoncé qu’il contesterait le vote du Collège électoral, il a invoqué le Compromis de 1877 qui avait permis de clore les élections présidentielles de 1876. Un précédent peu convaincant, rétorquent les commentateurs, puisqu’à l’époque, il y avait réellement eu de graves irrégularités parmi les électeurs et que le Congrès était dans une impasse.
“Pour les Afro-Américains, cependant, cette référence d’apparence gratuite a des échos différents. Le Compromis de 1877 – qui assura la Présidence à Rutherford B. Hayes à condition que la puissance fédérale se retire du Sud – est l’accord qui a permis d’éloigner les Afro-Américains des isoloirs pendant près d’un siècle. C’est ce qui a marqué la fin de la Reconstruction et le début de la ségrégation, de la discrimination légale et des lois Jim Crow. C’est le péché originel de l’histoire américaine post-esclavagiste, soit notre flirt le plus poussé avec le fascisme à ce jour (…)”
L’affirmation suivant laquelle Trump a été lésé et privé de la victoire est un mensonge éhonté, non seulement parce qu’il défie toute logique, mais parce qu’il décrit faussement la situation et induit inéluctablement l’idée d’un complot. C’est un mensonge énorme, qui bouleverse le champ moral de la politique américaine et la structure démocratique de l’histoire américaine. Quand le sénateur Ted Cruz a annoncé qu’il contesterait le vote du Collège électoral, il a invoqué le Compromis de 1877 qui avait permis de clore les élections présidentielles de 1876. Un précédent peu convaincant, rétorquent les commentateurs, puisqu’à l’époque, il y avait réellement eu de graves irrégularités parmi les électeurs et que le Congrès était dans une impasse.
“Pour les Afro-Américains, cependant, cette référence d’apparence gratuite a des échos différents. Le Compromis de 1877 – qui assura la Présidence à Rutherford B. Hayes à condition que la puissance fédérale se retire du Sud – est l’accord qui a permis d’éloigner les Afro-Américains des isoloirs pendant près d’un siècle. C’est ce qui a marqué la fin de la Reconstruction et le début de la ségrégation, de la discrimination légale et des lois Jim Crow. C’est le péché originel de l’histoire américaine post-esclavagiste, soit notre flirt le plus poussé avec le fascisme à ce jour (…)”
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“Les réseaux sociaux se sont révélés être une arme redoutable: Trump pouvait annoncer ses intentions sur Twitter, et les suprémacistes blancs planifiaient leur invasion du Capitole sur Facebook.”
“Les réseaux sociaux se sont révélés être une arme redoutable: Trump pouvait annoncer ses intentions sur Twitter, et les suprémacistes blancs planifiaient leur invasion du Capitole sur Facebook.”
Trump était différent des autres casseurs car il ne semblait avoir aucune idéologie. Le seul reproche qu’il faisait aux institutions était qu’elles lui imposaient des contraintes personnelles. Son intention était de casser le système pour servir sa propre cause – et c’est en partie ce qui explique son échec. Donald Trump est un homme politique charismatique qui inspire la dévotion non seulement de ses électeurs mais aussi d’un nombre inattendu de législateurs, mais sa vision ne va pas plus loin que sa propre personne et que ce que ses admirateurs projettent sur lui.
“De ce point de vue-là, son pré-fascisme est très loin du vrai fascisme: sa vision n’a jamais dépassé ce que son miroir lui renvoyait. S’il est arrivé à un mensonge aussi énorme, ce n’est pas à partir d’une vision du monde, mais à partir du fait qu’il risquait d’y perdre quelque chose. Trump n’a pourtant jamais fomenté de coup décisif. Il n’avait pas le soutien des militaires et il s’est aliéné plusieurs chefs d’armée. (Aucun vrai fasciste n’aurait commis l’erreur d’adorer aussi ouvertement les dictateurs étrangers; ses partisans convaincus que l’ennemi est intérieur n’y voyaient peut-être pas d’inconvénient, mais ceux qui ont juré de protéger le pays des ennemis de l’étranger ne le voient pas du même œil). La police secrète de Trump – les hommes qui ont mené les arrestations-éclair à Portland, par exemple – était violente, mais elle était peu nombreuse et grotesque. Les réseaux sociaux se sont révélés être une arme redoutable: Trump pouvait annoncer ses intentions sur Twitter, et les suprémacistes blancs planifiaient leur invasion du Capitole sur Facebook et Gab (...)
Trump était différent des autres casseurs car il ne semblait avoir aucune idéologie. Le seul reproche qu’il faisait aux institutions était qu’elles lui imposaient des contraintes personnelles. Son intention était de casser le système pour servir sa propre cause – et c’est en partie ce qui explique son échec. Donald Trump est un homme politique charismatique qui inspire la dévotion non seulement de ses électeurs mais aussi d’un nombre inattendu de législateurs, mais sa vision ne va pas plus loin que sa propre personne et que ce que ses admirateurs projettent sur lui.
“De ce point de vue-là, son pré-fascisme est très loin du vrai fascisme: sa vision n’a jamais dépassé ce que son miroir lui renvoyait. S’il est arrivé à un mensonge aussi énorme, ce n’est pas à partir d’une vision du monde, mais à partir du fait qu’il risquait d’y perdre quelque chose. Trump n’a pourtant jamais fomenté de coup décisif. Il n’avait pas le soutien des militaires et il s’est aliéné plusieurs chefs d’armée. (Aucun vrai fasciste n’aurait commis l’erreur d’adorer aussi ouvertement les dictateurs étrangers; ses partisans convaincus que l’ennemi est intérieur n’y voyaient peut-être pas d’inconvénient, mais ceux qui ont juré de protéger le pays des ennemis de l’étranger ne le voient pas du même œil). La police secrète de Trump – les hommes qui ont mené les arrestations-éclair à Portland, par exemple – était violente, mais elle était peu nombreuse et grotesque. Les réseaux sociaux se sont révélés être une arme redoutable: Trump pouvait annoncer ses intentions sur Twitter, et les suprémacistes blancs planifiaient leur invasion du Capitole sur Facebook et Gab (...)
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“Affirmer que le camp d’en face a volé les élections, c’est promettre que vous-mêmes vous volerez les prochaines ou les suivantes.”
“Affirmer que le camp d’en face a volé les élections, c’est promettre que vous-mêmes vous volerez les prochaines ou les suivantes.”
La tentative de coup d’État de Trump, comme toutes les tentatives de coup d’État, est un avertissement pour ceux qui sont attachés à la primauté de la loi et une leçon pour ceux qui ne le sont pas. Son pré-fascisme vient de révéler une nouvelle possibilité dans la vie politique américaine. En 2024, pour qu’un coup d’État fonctionne, les casseurs auront besoin d’un atout que Trump n’a jamais vraiment eu: une minorité en colère, organisée, prête à employer la violence à l’échelle de la nation et à rajouter l’intimidation à l’élection. Quatre ans d’amplification de l’énorme mensonge pourraient suffire. Affirmer que le camp d’en face a volé les élections, c’est promettre que vous-mêmes vous volerez les prochaines ou les suivantes. C’est aussi affirmer que le camp opposé mérite d’être puni.
Les observateurs informés, qu’ils appartiennent ou non au gouvernement, sont d’accord pour dire que le suprémacisme blanc d’extrême-droite est la menace terroriste la plus grave pour les Etats-Unis. En 2020, les ventes d’armes ont atteint des sommets impressionnants. L’histoire démontre que la violence politique explose quand les dirigeants des principaux partis basculent sciemment et ouvertement dans la paranoïa.
La tentative de coup d’État de Trump, comme toutes les tentatives de coup d’État, est un avertissement pour ceux qui sont attachés à la primauté de la loi et une leçon pour ceux qui ne le sont pas. Son pré-fascisme vient de révéler une nouvelle possibilité dans la vie politique américaine. En 2024, pour qu’un coup d’État fonctionne, les casseurs auront besoin d’un atout que Trump n’a jamais vraiment eu: une minorité en colère, organisée, prête à employer la violence à l’échelle de la nation et à rajouter l’intimidation à l’élection. Quatre ans d’amplification de l’énorme mensonge pourraient suffire. Affirmer que le camp d’en face a volé les élections, c’est promettre que vous-mêmes vous volerez les prochaines ou les suivantes. C’est aussi affirmer que le camp opposé mérite d’être puni.
Les observateurs informés, qu’ils appartiennent ou non au gouvernement, sont d’accord pour dire que le suprémacisme blanc d’extrême-droite est la menace terroriste la plus grave pour les Etats-Unis. En 2020, les ventes d’armes ont atteint des sommets impressionnants. L’histoire démontre que la violence politique explose quand les dirigeants des principaux partis basculent sciemment et ouvertement dans la paranoïa.
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“Il ne suffit pas que le menteur ne soit plus au pouvoir pour que l’amérique survive au mensonge. Il va falloir s’engager à considérer les faits comme un bien public.”
“Il ne suffit pas que le menteur ne soit plus au pouvoir pour que l’amérique survive au mensonge. Il va falloir s’engager à considérer les faits comme un bien public.”
Le mensonge dont nous parlons est typiquement américain: il est enveloppé dans notre étrange système électoral et lié à notre histoire particulière du racisme. Cela dit, il est également structurellement fasciste dans la mesure où il est extrêmement mensonger, complotiste, qu’il inverse les rôles entre responsables et victimes, et sous-entend que le monde se divise entre nous et eux. Difficile d’entretenir ce mensonge pendant quatre ans sans jouer avec le feu — le terrorisme et l’assassinat.
“Le jour où cette violence se manifestera, les casseurs devront réagir. S’ils l’acceptent, ils deviendront une faction fasciste. Le parti républicain se divisera, en tout cas pour un temps. On peut évidemment imaginer une réunification macabre: un candidat casseur perd les élections de 2024 à quelques voix près et hurle à la fraude; les républicains emportent les deux chambres du Congrès; dans la rue, les émeutiers, éduqués au mensonge pendant quatre ans, exigent que “justice” soit faite. Les joueurs seront-ils prêts à défendre leurs principes si telles sont les circonstances le 6 janvier 2025?”
“Paradoxalement, ce que nous vivons est aussi une chance. Il est possible qu’un parti républicain divisé serve mieux la démocratie américaine, que les joueurs, détachés des casseurs, commencent à réfléchir à la politique comme un moyen de gagner les prochaines élections. Il est très possible que les premiers mois de l’administration Biden-Harris soient plus faciles que prévu; peut-être l’obstruction systématique sera-t-elle mise de côté, du moins par une poignée de républicains et pendant un temps, au profit d’une vraie réflexion. Les politiciens qui veulent en finir avec le trumpisme ont un moyen simple d’aller de l’avant: dire la vérité sur les élections.” ■
Le mensonge dont nous parlons est typiquement américain: il est enveloppé dans notre étrange système électoral et lié à notre histoire particulière du racisme. Cela dit, il est également structurellement fasciste dans la mesure où il est extrêmement mensonger, complotiste, qu’il inverse les rôles entre responsables et victimes, et sous-entend que le monde se divise entre nous et eux. Difficile d’entretenir ce mensonge pendant quatre ans sans jouer avec le feu — le terrorisme et l’assassinat.
“Le jour où cette violence se manifestera, les casseurs devront réagir. S’ils l’acceptent, ils deviendront une faction fasciste. Le parti républicain se divisera, en tout cas pour un temps. On peut évidemment imaginer une réunification macabre: un candidat casseur perd les élections de 2024 à quelques voix près et hurle à la fraude; les républicains emportent les deux chambres du Congrès; dans la rue, les émeutiers, éduqués au mensonge pendant quatre ans, exigent que “justice” soit faite. Les joueurs seront-ils prêts à défendre leurs principes si telles sont les circonstances le 6 janvier 2025?”
“Paradoxalement, ce que nous vivons est aussi une chance. Il est possible qu’un parti républicain divisé serve mieux la démocratie américaine, que les joueurs, détachés des casseurs, commencent à réfléchir à la politique comme un moyen de gagner les prochaines élections. Il est très possible que les premiers mois de l’administration Biden-Harris soient plus faciles que prévu; peut-être l’obstruction systématique sera-t-elle mise de côté, du moins par une poignée de républicains et pendant un temps, au profit d’une vraie réflexion. Les politiciens qui veulent en finir avec le trumpisme ont un moyen simple d’aller de l’avant: dire la vérité sur les élections.” ■
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