Elsa Mari
Elsa Mari
Jeudi 25 juillet 2019. C’est l’histoire d’une journée folle, où les records de températures affichés étaient à nouveau battus l’heure d’après. Cette date brûlante restera, dans les archives, comme la plus chaude jamais connue dans le Nord de la France.
En tout cas depuis les premiers relevés météo datant de 1873 dans la capitale et de la première moitié du XXe siècle dans les autres villes. “Il y aura un avant et un après 2019 dans l’histoire de la climatologie française, s’exclame François Gourand, prévisionniste chez Météo France. C’est un pic de chaleur que nous n’avons jamais vécu, il nous interpelle et nous choque”, confie le spécialiste.
Ce jeudi, vingt départements de la moitié nord étaient en vigilance rouge, là aussi une première. C’est Saint-Maur, dans le Val-de-Marne, qui a pulvérisé les maximales de la journée avec 43,6 °C. La capitale fait aussi partie des villes les plus asphyxiantes. “Le week-end dernier, lorsqu’on a découvert qu’il allait faire 42 °C à Paris, on s’est demandé si les modélisations numériques ne dysfonctionnaient pas…” raconte le prévisionniste.
Et non.
Conformément aux prévisions, le mercure fou n’a cessé de monter dans la capitale : 42,2 °C, 42,4 °C... jusqu’à 42,6 °C! Deux degrés de plus que le précédent record de 1947. Autres températures jamais vues : 39,7 °C à Caen, 40,8 °C à Tours, 41,5 °C à Lille, 41,6 °C à Beauvais et 41,2 °C à Bourges.
“Ah non, ça vient encore de monter, 41,7!” rectifie François Gourand, le nez sur ses chiffres.
Dans ces départements, les grandes places s’étaient vidées, les promeneurs avaient ralenti le pas, comme les trains. Thalys a même stoppé ses ventes de billets vers la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas en raison “de graves perturbations dues à des conditions climatiques exceptionnelles.” Car cette vague de chaleur accablante ne s’est pas limitée à l’Hexagone. Venue d’Espagne, elle a atteint des niveaux inégalés dans ces trois pays.
Une troisième canicule à venir?
Cette canicule historique a mis en surchauffe les services de santé. Déjà, mercredi soir, quatorze enfants qui se trouvaient dans un gymnase à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), ont été victimes d’un coup de chaud, six ont été hospitalisés. Dans la nuit, un homme sans domicile fixe est tombé dans le coma, atteint d’hyperthermie, à Paris.
“Ces fortes chaleurs augmentent aussi le risque d’accouchements prématurés et de mort in utero, les femmes enceintes doivent bien s’hydrater”, met en garde Yves Ville, chef du service maternité de Necker, à Paris. Les personnes fragiles sont les plus à risque, mais les jeunes également. 60 décès liés à des noyades ont été constatés depuis début juillet, a annoncé Christophe Castaner, le ministère de l’Intérieur. Après cette séquence suffocante, des orages ont éclaté dès jeudi soir et devraient, vendredi, arroser les départements du nord, terrassés par la chaleur. Une troisième canicule aura-t-elle lieu? “Pas la première semaine d’août, répond le prévisionniste François Gourand. Pour la suite, on ne peut pas se prononcer, mais ce n’est pas exclu.”
PS: Une deuxième vague de chaleur passera sur la France à la fin août avec des chaleurs montant à 8° au-dessus des normales saisonnières. ■
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Elsa Mari est journaliste au Parisien (article 26/07/2019).
Jeudi 25 juillet 2019. C’est l’histoire d’une journée folle, où les records de températures affichés étaient à nouveau battus l’heure d’après. Cette date brûlante restera, dans les archives, comme la plus chaude jamais connue dans le Nord de la France.
En tout cas depuis les premiers relevés météo datant de 1873 dans la capitale et de la première moitié du XXe siècle dans les autres villes. “Il y aura un avant et un après 2019 dans l’histoire de la climatologie française, s’exclame François Gourand, prévisionniste chez Météo France. C’est un pic de chaleur que nous n’avons jamais vécu, il nous interpelle et nous choque”, confie le spécialiste.
Ce jeudi, vingt départements de la moitié nord étaient en vigilance rouge, là aussi une première. C’est Saint-Maur, dans le Val-de-Marne, qui a pulvérisé les maximales de la journée avec 43,6 °C. La capitale fait aussi partie des villes les plus asphyxiantes. “Le week-end dernier, lorsqu’on a découvert qu’il allait faire 42 °C à Paris, on s’est demandé si les modélisations numériques ne dysfonctionnaient pas…” raconte le prévisionniste.
Et non.
Conformément aux prévisions, le mercure fou n’a cessé de monter dans la capitale : 42,2 °C, 42,4 °C... jusqu’à 42,6 °C! Deux degrés de plus que le précédent record de 1947. Autres températures jamais vues : 39,7 °C à Caen, 40,8 °C à Tours, 41,5 °C à Lille, 41,6 °C à Beauvais et 41,2 °C à Bourges.
“Ah non, ça vient encore de monter, 41,7!” rectifie François Gourand, le nez sur ses chiffres.
Dans ces départements, les grandes places s’étaient vidées, les promeneurs avaient ralenti le pas, comme les trains. Thalys a même stoppé ses ventes de billets vers la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas en raison “de graves perturbations dues à des conditions climatiques exceptionnelles.” Car cette vague de chaleur accablante ne s’est pas limitée à l’Hexagone. Venue d’Espagne, elle a atteint des niveaux inégalés dans ces trois pays.
Une troisième canicule à venir?
Cette canicule historique a mis en surchauffe les services de santé. Déjà, mercredi soir, quatorze enfants qui se trouvaient dans un gymnase à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), ont été victimes d’un coup de chaud, six ont été hospitalisés. Dans la nuit, un homme sans domicile fixe est tombé dans le coma, atteint d’hyperthermie, à Paris.
“Ces fortes chaleurs augmentent aussi le risque d’accouchements prématurés et de mort in utero, les femmes enceintes doivent bien s’hydrater”, met en garde Yves Ville, chef du service maternité de Necker, à Paris. Les personnes fragiles sont les plus à risque, mais les jeunes également. 60 décès liés à des noyades ont été constatés depuis début juillet, a annoncé Christophe Castaner, le ministère de l’Intérieur. Après cette séquence suffocante, des orages ont éclaté dès jeudi soir et devraient, vendredi, arroser les départements du nord, terrassés par la chaleur. Une troisième canicule aura-t-elle lieu? “Pas la première semaine d’août, répond le prévisionniste François Gourand. Pour la suite, on ne peut pas se prononcer, mais ce n’est pas exclu.”
PS: Une deuxième vague de chaleur passera sur la France à la fin août avec des chaleurs montant à 8° au-dessus des normales saisonnières. ■
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Elsa Mari est journaliste au Parisien (article 26/07/2019).
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